Depuis 1995, je mets en scène mon corps dans des polyptyques et des séquences photographiques. Je m’efforce de parasiter la perception du spectateur : mes séquences déconstruisent le mouvement et l’espace plus qu’elles ne les restituent. Le déroulement de « l’action » est tronqué, décalé… une sorte de bégaiement visuel… Là ou les happenings body-art utilisaient la photographie comme témoin, comme trace, je mets en scène « l’action » pour la photographier. …Le corps théâtralisé construit PAR et POUR la photographie… Le corps, comme support d’une projection dans l’imaginaire, devient le lieu du doute, provoque l’interrogation et propose des questionnement sur la nature documentaire de la photographie. Participant à ce malaise, les tirages éthérés ou densifiés à outrance rendent difficile la lecture et forcent le spectateur à rentrer dans l’image, à chercher le corps enfoui dans le matériau photographique…Faire prendre conscience de l’existence de cette matière, que l’on s’efforce trop souvent de rendre la plus discrète possible… Le médium photographique devient un filtre, une machine à transformer le réel. Il prend place en tant que tel dans le processus de mise en scène et d’exploration de l’imaginaire. Il met, par là même, les choses au clair d’emblée quant à la nature fabriquée de mes images. J’aime à penser que la photographie n’est qu’une petite menteuse…